Ma première « Dame » est sans aucun doute la plus émouvante de toutes.
Elle est l’unique représentation humaine dans un lieu voué au recueillement et
à la prière.
Elle est presque miraculeuse. Elle a résisté aux pillages lors de la Révolution et
par la suite, aux outrages du temps qu’auraient pu provoquer lierre et lichens
qui l’ont recouverte alors qu’elle servait d’ornement à une tombe d’un village
voisin.
Vous parvenez à Fontenay, en terre et en place d’une merveilleuse abbaye
fondée pour et par des hommes. Mais c’est elle qui veille, qui illumine de sa
présence un lieu où le dénuement le dispute à la pureté de l’architecture.
Saint Bernard fait une entorse à sa rigueur et au dépouillement habituel des
églises cisterciennes pour exposer cette vierge particulièrement belle, car il lui
vouait une dévotion remarquable… Notre Dame, figure de proue de Cîteaux…
Chef-d’œuvre de l’art médiéval, cette statue date du XIIIème siècle.
Attardez-vous sur son visage le regard bienveillant et joyeux.
Le bras qui porte, soutient et protège.
Si le mot Mère devait prendre une image universelle, je lui attribuerai celle-ci.

En admirant cette représentation de Marie me reviennent les mots du
Cantique des Cantiques . Un jour d’hiver, lors d’une visite de Fontenay sous
la neige, un moine cistercien avait partagé et exprimé toute la ferveur de
l’Ordre pour la Vierge en récitant ces mots :
Ah ! Que tu es belle, mon amie ! Ah ! Que tu es belle ! Tes yeux sont des
colombes au travers de ton voile. Ta chevelure : un troupeau de chèvres qui
dévalent du mont Galaad.
Tes dents : un troupeau de brebis tondues qui remontent du bain ; chacune a sa
jumelle, nulle n’en est privée.
Comme un ruban d’écarlate, tes lèvres ; tes paroles : une harmonie. Comme une
moitié de grenade, ta joue au travers de ton voile.Ton cou : la tour de David, harmonieusement élevée ; mille boucliers sont
suspendus, toutes les armes des braves.
Jeanne R.

Photo : F. Dupin
Abbaye de Fontenay
21500 Marmagne
abbayedefontenay.com